Description
Ce volume rassemble quatre études qui explorent la construction de l'image de l'Autre dans l'imaginaire européen, du XVIe au XIXe siècle. À travers une approche pluridisciplinaire mêlant littérature, histoire de l'art et analyse culturelle, l'ouvrage examine la tension entre l'observation scientifique et les fantasmes coloniaux. Le premier volet nous plonge au XVIe siècle avec Jean de Léry. L'analyse de ses récits sur le Brésil révèle une altérité traitée par analogie, où le "sauvage" est évalué selon une grille européenne. L'étude souligne une distinction de genre : là où l'homme indien est condamné pour son "animalité", la femme sauvage bénéficie d'une adhésion esthétique, préfigurant des stéréotypes durables. Le second texte étudie la "lusophobie" française du XVIIIe siècle. À travers les récits de voyageurs à Lisbonne, l'auteur démontre comment le Portugal est perçu comme une périphérie "non civilisée". Cette vision, teintée de supériorité, illustre que l'altérité existe aussi au sein de l'Europe, dès lors qu'un peuple ne répond pas aux standards des Lumières. Le troisième article analyse Tahiti au XVIIIe siècle à travers les expéditions de Bougainville et Cook. Il examine la confrontation entre la raison des Lumières et le mythe du "bon sauvage". Il révèle la nature hybride des journaux de bord, entre documentation scientifique et propagande, montrant comment les artistes ont figé l'image de Tahiti dans un cadre servant les dynamiques occidentales. Enfin, l'ouvrage se clôt sur le XIXe siècle avec Paul Gauguin. L'étude de "Noa Noa" explore sa tentative de créer une cosmogonie insulaire à Tahiti. En fusionnant concepts occidentaux et mythologie maorie, Gauguin tente d'échapper à la civilisation, tout en restant prisonnier de schémas sexistes et coloniaux. En somme, ce volume constitue une généalogie du regard occidental, révélant comment l’écriture et l’image ont servi à définir, classer et parfois réduire l’Autre pour mieux affirmer l’identité européenne.